Tôt matin... j'aime bien.
Je n'ai jamais aimé dormir...
Ça, c'est ce que je devrai dire.
En fait, j'ai toujours adoré dormir. Seulement, je n'ai jamais pu, ou du moins, jamais correctement. C'est soit un long black out sans repos, soit une nuit entrecoupée d'états de veille de plus en plus fréquent, de rêves trop réalistes qui laissent des bleus sur le corps et une impression indéfinissable de poids dans la poitrine.
Et puis il y a l'absence de nuit.
Celle où le sommeil ne vient qu'à la fin, pour deux heures, deux heures lourdes dont on ne se souvient pas.
Mais le reste alors ?
Le reste ?... Il se passe à écouter. A écouter la nuit, à écouter les bruits, à regarder par la fenêtre l'avancée de la lune dans le ciel, souvent, à marcher au hasard dans les rues, en attendant que la fatigue vous étreigne et vous donne envie de vous allonger là, sur le banc, et d'y dormir... A regarder les fêtards aller se coucher, à regarder les travailleurs se lever. Tôt. Tard. En pleine nuit.
Et a écouter les gens dormir...
J'aime écouter ce bruit.
Quand j'étais petite, je m'entraînais à ne pas faire de bruit en dormant, pour que mes parents ne puissent pas faire la différence entre mon vrai sommeil et le simulé. Ainsi je pouvais attendre qu'ils aient éteins en bas pour sortir tranquillement un livre et bouquiner jusqu'à pas d'heure. Mais aussi me balader dans la maison, silencieuse, pour aller chercher une BD, de quoi manger, regarder la télé roulée en boule dans ma couette ou écouter mes parents dormir. J'aimais bien le duo de leur respiration. Les ronflements et la respiration plus tamisée de ma mère.
Du coup ça m'est resté.
Ne pas faire de bruit en dormant, ne pas bouger, avoir les yeux fermés et juste écouter. Écouter la respiration de l'autre se calmer lentement et s'endormir, avoir l'impression fantastique d'être omplètement seule dans un monde d'endormis et surtout de veiller sur les songes de l'autre.
Combien de fois ai-je pu observer certaines personnes dormir ? Assise dans le lit, à la tête ou au pied, à regarder les effets de lumière nocturne sur les cheveux, l'expression du visage qui change en fonction du sommeil et des rêves, les courbes du corps qu'on devine sous le drap, l'expression enfantine et un peu frustrée que tout le monde arbore à un moment où à un autre. Un peu comme des chatons. Plein de chatons qui dorment. Ou de chiots. Roulés en boule, rarement étalés, surtout quand on dors avec quelqu'un en fait.
Et puis on finit toujours par s'endormir.
Pour finalement se réveiller avant les autres, comme toujours. Et en ressentir une certaine fierté.
Hey... il est 5h du matin, et je n'ai déjà plus sommeil. Alors on se lève tout doucement, sans faire de bruit, un petit sourire aux lèvres pour ceux qui dorment, et on s'installe dans la cuisine pour déjeuner d'un chocolat, en regardant l'ombre du soleil qui se lève, une jambe contre soit, sur un tabouret ou un rebord de fenêtre, et on pense. Ou pas. Le silence du matin, des gens qui dorment, du cerveau qui ne fonctionne pas...
Mh oui. J'ai toujours aimé dormir.
Mais bon sang qu'est ce que c'est bon quand on ne le fait pas.